Un (petit) conseil d’administration s’est réuni samedi 10 février, surtout pour examiner les comptes de 2023 (déficit de 4963 €) et prendre les décisions pour rétablir la situation. Quelques familles forcent leurs enfants à aller à l’école contre leur gré afin de garder le bénéfice du riz. En examinant sérieusement ces situations, nous réduisons les bénéficiaires à 87 enfants (au lieu de 93) et le nombre de familles à 46 (au lieu de 52). L’équipe salariée compte jusqu’à présent 3 temps pleins. Il a été décidé de faire passer Georginot, dernier recruté, à mi-temps à partir du mois de mars. Le volume du riz distribué aux familles passera de 20 kilos à 15 à partir du mois de février. Nous avons cependant décidé de préserver le pouvoir d’achat des salariés, en augmentant les salaires de 10 %, montant estimé de la hausse des prix de consommation courante. L’association souhaite entamer une réflexion globale sur l’opportunité de ses actions, la nature de celles-ci, les moyens mis en œuvre, afin de mieux lutter contre la grande pauvreté et préparer l’avenir des enfants.
Anja est décédée
Anja, ancienne bénéficiaire, âgée de 23 ans, est décédée suite à une longue maladie qui n’a jamais été identifiée. Nous l’avions fait consulter les services médicaux de Majunga. Cela allait mieux. Puis les symptômes (forte fièvre) revenant, la famille, persuadée qu’Anja avait été empoisonnée, a consulté des guérisseuses, des religieux de brousse, … Lorsque nous avons présenté nos condoléances, le compagnon de la maman nous a dit : « Un bonbon et un morceau de brochette sont sortis de sa bouche lorsqu’elle est morte. C’est la preuve de son empoisonnement. ». Anja n’a pas été enterrée, mais placée dans un cercueil en métal en attendant que la famille réunisse l’argent nécessaire à un enterrement « digne », c’est-à-dire des zébus et de l’alcool. Cela prendra des mois, peut-être plus d’un an. Anja était enceinte de 5 mois.
Mensonges à répétition
Sitraka est cette jeune femme qui voulait arrêter l’école et se consacrer à sa passion pour le football. Après discussions et réflexion, nous avons accepté de l’accompagner dans ses projets. Sitraka nous a demandé de lui financer des cours de français (nous avons accepté) puis de lui acheter sa tenue de sport, tenue déjà financée par son petit copain. Puis elle nous a dit : « Ma mère m’a vendu à un homme que je ne connais pas pour 200 000 ariary (43 €) ». Faux. Puis « Ma mère refuse de me dire qui est mon père ». Encore faux : elle se déplace avec un vélo donné par son père. Les mensonges à répétition ne sont pas compatibles avec la relation de confiance et la transparence nécessaires au travail de l’association. Ce type de comportement (mensonges à répétition) a tendance à se développer parmi les bénéficiaires. C’est inquiétant.
Les écoles et nos ados
Marie a 17 ans. Toujours au collège, elle est très souvent absente (3 jours sur 5 chaque semaine). Elle imite la signature de son père dans le carnet de correspondance. Elle veut plaire aux garçons. Tout cela est assez banal. Mais l’école est en quelque sorte complice. Les remarques qui nous remontent parlent surtout de la tenue estimée provocante de Marie par l’école adventiste. L’association paye l’écolage « rubis sur l’ongle » au début de chaque mois. Alors, pourquoi s’en faire ? Telle est l’attitude de beaucoup d’écoles privées qui apparaissent comme des business, sans véritable projet pédagogique, sans aucun suivi des élèves. Une autre école privée accorde à nos bénéficiaires le régime du passage automatique en classe supérieure quelque soient les résultats et l’assiduité, sans même chercher à rencontrer la famille.
La réalité des écoles de Majunga est souvent désespérante
L’université ?
Nous avons deux jeunes bacheliers inscrits à l’université, une fille en gestion, un garçon en droit. Nous pourrions logiquement en être fiers. Mais le constat de la réalité est assez terrible. D’abord, il convient de préciser que ces deux jeunes ont obtenu le baccalauréat par tricherie, en ayant connaissance à l’avance des sujets, tricherie organisée collectivement, « managée » par le directeur de l’école du quartier. Ensuite, les deux universitaires ne comprennent rien à leurs cours : décalage total dans les matières enseignées par rapport au lycée, absence de suivi des étudiants, enseignement totalement en langue française, très mal comprise. La fille en est à vouloir tripler sa première année en gestion, le garçon à solliciter un projet économique pour cultiver et vendre des légumes au marché tout en prétendant vouloir poursuivre ses « études ».
Le choléra à Majunga ?
Démentie par les autorités centrales, la rumeur de l’arrivée du choléra à Majunga circule dans la ville. L’épidémie est bien présente et active aux Comores voisines depuis plusieurs semaines.
Les directions des écoles, les présidents des Fokontany (autorité administrative des quartiers) sont inquiets et pessimistes. Le gouverneur de région, bien informé, a voulu prendre des mesures drastiques de quarantaine. Il en a été empêché par le gouvernement central d’Antananarivo.
Officiellement, il n’y a pas de choléra à Majunga. Qu’on se le dise … jusqu’à quand ?
Le choléra se propage surtout par leau souillée par des restes dexcréments de personnes malades