Majunga (Mahajanga en malgache) est la quatrième ville de Madagascar (après Antananarivo, Antsirabe et Tamatave). 230 000 habitants. Située sur la côte nord-ouest, à l’embouchure du fleuve Betsiboka qui s’élargit en une baie de 10 km. Ancienne capitale du royaume sakalava, la ville fut vidée de ses habitants durant la guerre entre les merinas (habitants de la région d’Antananarivo) et les sakalavas au début du 19e siècle. La guerre se termina en 1823 par l’unification de force de Madagascar par Radama 1er, roi de l’Imerina. La ville présente aujourd’hui un melting-pot unique à Madagascar de populations et de religions très diverses. Les merina et les sakalava sont les plus nombreux (35 % pour chaque ethnie), puis viennent les tsimihety, les betsileo, les antandroy, mais aussi les comoriens, les indiens … Si les religions chrétiennes sont fortement majoritaires, la présence musulmane y est très ancienne (principalement de rite chiite pour les indiens, de rite sunnite pour les comoriens, mais aussi aghakaniste). Majunga est chaque année le lieu d’une grande fête religieuse et culturelle des sakalava de toute la région (bain sacré, tromba …). |
La ville est organisée, de façon très distincte, entre quelques quartiers aisés (Majunga Be, Mangarivotra) constitués de maisons coloniales et de villas, comprenant les administrations, les banques et les commerces indiens, les quartiers des petits commerces malgaches et des marchés populaires (Mahabibo, Tsaramandroso), et la grande majorité des quartiers pauvres à l’habitat précaire et souvent désordonné. L’économie de Majunga est totalement sinistrée. Jusqu’à la fin des années 80, de grosses entreprises à forte main d’œuvre provoquèrent un exode rural massif vers la ville : Cotona, Sotema (entreprises textiles), des huileries et savonneries, pêcheries industrielles, sucrerie, un abattoir, un port de commerce dynamique … Puis, plus de 20 000 emplois directs ont disparu à cause de la concurrence asiatique et de la désorganisation progressive de l’état. L’activité du port de commerce a été divisée par 5. Le trafic portuaire est rendu difficile par l’accumulation des sédiments apportés par le fleuve Betsiboka dans la baie de Majunga. Il n’y a aujourd’hui aucune perspective crédible de reprise de l’activité économique. |
La population est restée, faute d’alternative … Le contexte de crise mondiale et la suppression de l’aide internationale suite aux événements politiques de 2009 n’ont fait que rajouter encore plus de misère à une situation déjà désespérée. Il y a 3 300 tireurs de pousse-pousse dans la ville de Majunga, le plus souvent originaires du sud de Madagascar. Leur activité, peu rentable, est sérieusement remise en cause par les bajaj, les « tuk-tuk », tricycles motorisés, qui sillonnent désormais les rues à la recherche de clients. Malgré quelques particularités remarquables (parc national, grottes, belles plages, vieille ville coloniale …), Majunga n’est pas une destination touristique de long séjour pour les étrangers. Les voyageurs y font éventuellement une halte de quelques nuits, sans plus. Par contre, les habitants d’Antananarivo affluent en juillet et août, trouvant des températures agréables (25 °) durant ces vacances d’hiver. |
La marée a une amplitude de 4 mètres à Majunga, inondant quotidiennement le quartier d’Aranta. En cas d’activité cyclonique, ce sont tous les quartiers « bas » qui se trouvent sous les eaux. En 2004, le cyclone Gafilo a dévasté la ville. Mais le phénomène le plus problématique est le délabrement total du réseau d’évacuation des eaux usées avec toutes ses conséquences : pollution, prolifération des rats, maladies diarrhéiques, cas de peste et de choléra chroniques … |
Néanmoins, malgré ces réalités qui peuvent paraitre alarmantes, Majunga respire une certaine joie de vivre. Les différentes communautés cohabitent assez harmonieusement. L’ambiance générale est conviviale et accueillante. Si la ville semble somnoler en milieu de journée, écrasée par le soleil tropical, elle se réveille en fin d’après-midi. Les majungais aiment sortir le soir. Les fêtes y sont nombreuses. Majunga est la destination préférée des habitants des hauts plateaux pour les vacances de l’hiver austral. Malgré les cas de plus en plus nombreux de cambriolages, il n’y a pas ici cette peur envahissante et paralysante qui amène les habitants d’Antananarivo à s’enfermer chez eux à la tombée de la nuit. |
Photo Pierrot Men | Il y a plus de 90 écoles primaires à Majunga : 15 écoles publiques et environ 80 écoles privées, certaines confessionnelles, la majorité à but lucratif. Hormis quelques établissements de qualité (collège français Françoise Dolto, Saint Gabriel, Jeanne d’Arc, …), la majorité des écoles propose un enseignement médiocre : classes surchargées dans le public (jusqu’à 90 élèves dans la même classe), absence de matériel pédagogique, manque de formation des enseignants peu motivés par des salaires très bas (environ 50 €), administration tatillonne et corrompue … Une minorité d’enseignants tente malgré tout de résister au découragement ambiant, conscients des enjeux de l’éducation pour l’avenir du pays en général et des enfants en particulier. Quelques instituteurs (trices) et directeurs (trices), dans le public comme dans le privé, sont remarquables de compétences et de dévouement. |
La coopération internationale est présente à Majunga. L’Agence Française de Développement (AFD) a notamment bitumé le centre ville et réhabilité les marchés couverts, le Japon a construit un bâtiment de « La mère et de l’enfant » au Centre hospitalier, la Chine vient également de financer la construction d’un nouvel hôpital - photo ci-contre (dont l’équipement et le personnel ne sont pas prévus !). Plusieurs ONG et associations internationales sont actives à Majunga : Inter-Aides, Handicap International, SOS Villages d’enfants, l’IRCOD, … Cependant, ces réalisations demeurent quelque peu symboliques et ne sont pas en mesure de redynamiser la ville. Seule, une véritable activité économique serait en mesure d'apporter des perspectives aux habitants de Majunga. |