La rencontre annuelle avec les familles s’est tenue le samedi 28 septembre. Toutes les familles étaient présentes.
Nous avons parlé des finances fragiles de l’association, de la réduction du nombre de bénéficiaires, mais aussi des prévisions assez optimistes pour 2024. Nous avons beaucoup discuté de la scolarité, de la responsabilité première des parents, de la nécessité d’une motivation pour étudier, mais aussi des difficultés avec les écoles. Notre position sur la religion : laïcité, c’est-à-dire respect des convictions de chacun, refus du prosélytisme.
Appel à la sincérité, au dialogue, aux échanges libres.
Toutes les familles étaient présentes à la réunion du 28 septembre
Au lycée FJKM les élèves ont obligation de donner de largent à la quête et doivent avoir entre les mains la bible officielle de léglise que nous avons été obligés dacheter
Teen Mission (école privée Nirina)
Les 16 enfants bénéficiaires du quartier d’Andohagara sont tous scolarisés dans cette école. Le mois dernier, nous évoquions avec optimisme la restructuration de l’école, l’arrivée d’une nouvelle équipe de direction. Nous avons rencontré la directrice récemment nommée. Celle-ci nous a parlé de Dieu, de sa vocation pour « reprendre en main l’école ». Elle impose désormais des cours de religion aux élèves, aux enseignants et aussi aux parents. « Dieu m’a donné cette vocation ». Les murs de l’école sont désormais ornés de passages bibliques. Nous n’avons pas réussi à parler ni de scolarité, ni du suivi des élèves, ni de cantine, ni de coopération entre l’école et l’association … L’école dépend de l’église adventiste du 7ème jour. Ainsi va l’évolution des écoles de Majunga : alors que les écoles publiques dysfonctionnent de plus en plus (absentéisme des enseignants, violences, discriminations), beaucoup d’écoles privées marquent fortement leur appartenance religieuse et rivalisent entre elles dans ce domaine.
Séraphin
C’est un enfant lourdement polyhandicapé que nous suivons depuis plus de 10 ans. Séraphin, âgé aujourd’hui de 11 ans, n’a plus ses parents. Il a été élevé par sa grand-mère (en réalité une fausse grand-mère). Puis cette dame, remarquable, est décédée. Séraphin est maintenant pris en charge par la mère très âgée de cette dame. La famille met beaucoup de pression et de menaces pour que Séraphin s’en aille. « Vous allez tuer notre grand-mère ». Ceci dans un climat violent et alcoolisé au quotidien. Un couple français (médecin et psychologue) avait promis en 2014 de faire venir Séraphin en France. Depuis, le couple s’est séparé et n’a plus donné de nouvelles depuis plusieurs années. Aucune structure de Majunga n’accepte de prendre Séraphin. Que faire ? Nous n’avons pas de solution.
La « maison » de Manampiaza
C’est une famille très pauvre et disloquée, à Andohagara. L’abri faisant office de maison a été récemment cambriolé.
La maman de prostitue, il n’y a pas de papa, les enfants sont livrés à eux-mêmes, dénutris. Nous voulons refaire cette maison avant la saison des pluies (début décembre).
Las, aucun homme de la famille élargie n’est volontaire pour les travaux. Le grand-père, habitant le quartier, refuse d’héberger sa propre fille et ses petits enfants durant le chantier éventuel. Nous allons tenter de miser sur la solidarité des gens du quartier.
Permis de conduire ?
Fin 2023, nous avons financé 5 permis de conduire, pensant y voir un outil d’insertion professionnelle, à l’heure où plus de 3 000 « bajaj » (tricycles à moteur) sillonnent la ville chaque jour. Nous avions bien entendu beaucoup parlé avec les bénéficiaires, bien préparé tout ça, effectué le suivi. Force est de constater, un an plus tard, qu’un seul permis est utilisé et seulement à temps partiel : le bénéficiaire est chauffeur remplaçant (donc occasionnel) d’un fameux bajaj. Un second bénéficiaire aurait été embauché comme « homme à tout faire » parce qu’il dispose du permis de conduire (mais il ne conduit pas et nous doutons de la véracité de cette motivation de l’employeur pour l’embauche).
Santé
Nous constatons cette année une baisse très nette de la fréquentation des centres de santé partenaires (Bardelli et Aina-Vao) par les bénéficiaires. Bien entendu, ces derniers ne sont pas moins malades. Nous cherchons à comprendre cette évolution. Deux premières explications : le temps d’attente parfois très long avant consultation, surtout à Aina-Vao, et, seconde explication, l’influence grandissante des guérisseurs traditionnels, très présents dans certaines communautés de Majunga. Certains guérisseurs, tradipatriciens utilisant notamment les plantes médicinales, ont des compétences. Mais ce n’est pas le cas de la majorité qui sont influencés par les croyances religieuses animistes, parfois l’exorcisme. Et les familles n’ont pas la culture nécessaire pour faire la différence.