Décisions pour l’avenir de l’action de l’association
Le conseil d’administration, réuni le 11 mai dernier, a pris d’importantes décisions sur l’action menée à Majunga.
Nous intervenons depuis 11 ans maintenant. Nous avons tenté d’en tirer le bilan, de relever les côtés positifs et aussi les problèmes, les réussites et les échecs.
Ces décisions prennent place aussi dans le contexte du déficit important de 2023 : perte de 4 963 € (18 940 € de recettes et 23 903 € de dépenses).
Voici labri dans lequel vivait Delphine dont nous avons parlé dans la lette davril. Des tissus tendus sur le bord de la rue.
Réduire et recentrer l’activité au profit des plus pauvres
Nous avons examiné de près, cas par cas, la situation des 46 familles bénéficiaires et celle des 79 enfants actuellement scolarisés. Nos critères pour poursuivre les prises en charge : la grande pauvreté et une certaine motivation pour l’école, en prenant en compte aussi les cas où les enfants nous paraissent en grand danger. Résultats du travail avec l’équipe de Majunga : nous cessons de travailler avec 9 familles, nous continuons avec 37. Nous arrêtons de scolariser 21 enfants, nous poursuivons avec 58. Certaines décisions ont été difficiles à prendre. Il n’est jamais simple de cesser un soutien aux familles que nous avons accompagnées pendant des années. Fin juillet, début août, en fonction des résultats financiers à fin juin, en fonction aussi du devis de la rentrée scolaire de septembre, nous déciderons éventuellement d’admettre de nouveaux bénéficiaires.
Notre approche de la scolarité
Beaucoup de choses à dire. Pour résumer, nous fonctionnerons désormais par année scolaire, la situation de chaque bénéficiaire pouvant remise en cause chaque année, notamment en fonction de la motivation des enfants pour la scolarité. La motivation oui, les résultats pas forcément (un enfant peut avoir des mauvais résultats, mais être motivé pour poursuivre).
Depuis 11 ans, nous dissions : « on n’abandonne jamais personne ». Nous renonçons à ce principe. Nous accepterons les redoublements, nous refuserons les triplements.
Nous allons sérieusement revoir la liste des écoles partenaires (de 13 actuellement à 6 ou 7), resserrer la collaboration, responsabiliser les parents, … Nous nous interrogeons, par exemple, sur les écoles primaires publiques où les élèves sont scolarisés à mi-temps et se trouvent 80 par classe, sur l’indifférence de certaines écoles par rapport à la progression des enfants, sur ces écoles qui se contentent d’encaisser les écolages …
La réalité des écoles primaires publiques de Majunga est désespérante
La composition de l’équipe salariée
Décision a été prise de licencier Lanto, animatrice (profil enseignante), et de la remplacer par un travailleur social qualifié partageant nos valeurs d’empathie, de respect et d’écoute, formé à la relation d’aide. Notre objectif est d’améliorer la relation de confiance avec les bénéficiaires, de lutter contre les pratiques de mensonges. Rappelons que Georginnot, troisième salarié, est maintenant à mi-temps, recentré sur le travail administratif.
Le riz
Plusieurs familles forcent leurs enfants à poursuivre une scolarité afin de continuer à bénéficier des 15 kilos de riz mensuels.
Nous avons envisagé plusieurs hypothèses en en mesurant les conséquences, pour, finalement, décider de poursuivre la distribution de riz pour toutes les familles, en donnant des compléments alimentaires pour les enfants les plus dénutris.
Comment parvenir à ce que la distribution du riz, indispensable pour beaucoup de familles, ne deviennent pas la vraie motivation de la scolarisation des enfants ?
Le riz donné par Solidarité Enfants du Monde une nécessité pour les familles très pauvres
Développer les apprentissages, nous ouvrir sur la ville
Beaucoup de bénéficiaires, parvenus à l’adolescence, en difficulté à l’école, nous disent « Je veux faire une formation professionnelle », sans y mettre aucun contenu précis, ni en mesurer l’opportunité. Nous avons débuté une pratique de l’apprentissage, plus prometteur. Nous allons enfin orienter les animations hebdomadaires vers une meilleure connaissance par les enfants de la ville, des lieux collectifs, des métiers, de la vie culturelle, des questions de santé …
En ce mois de mai, nous avons terminé la distribution des kits solaires aux 46 familles, kits permettant notamment aux enfants de pouvoir faire leurs devoirs à la maison
Rétablir les finances
Le déficit de 2023 a été absorbé par nos réserves. Jusqu’à présent, il n’y a pas de péril.
Mais il est impératif d’assurer l’équilibre en 2024.
Nous économisons (réduction du nombre de bénéficiaires, réduction du personnel).
Cela devrait représenter 2 500 €. Il nous reste à trouver à peu près 2 500 € de recettes complémentaires par rapport à celles de 2023. A ce jour, nous en avons obtenu 840 (620 suite au décès d’une « marraine », 220 suite à une intervention dans un cadre de solidarité dans une école).